Parceque d'autres l'on fait beaucoup mieux que moi et parcequ'il me faudrait prendre le temps de développer par écrit ce qui m'assaille quand je pense à ces 2 lectures , trop de temps à prendre , je me permets donc de piquer 2 bonnes chroniques de
www.bdgest.com.Tome 1 :
"Umbrella Academy, c’est une idée mille fois traitée. Sept orphelins venus des quatre coins du monde, dotés de pouvoirs exceptionnels, élevés au sein d’une pension par un savant faisant office de mentor, cela rappelle forcément quelque chose. Difficile de ne pas penser aux X-Men ou à Doom Patrol. Pour autant, et ce dès le prélude de cette Suite apocalyptique, il apparaît que Gerard Way et Gabriel Ba ne sont pas que de vulgaires copistes et la réinterprétation s'avère plutôt originale. Oubliez le professeur Xavier, ce père de substitution. Sir Réginald "le Monocle" Hargreeves ne possède aucune des qualités qui font la figure paternelle traditionnelle. Son équipe, il n’est pas là pour la materner, c’est qu'enfin... il faut sauver le monde ! Ses enfants, tout juste les appelle-t-il par leur identifiant, des numéros, attribués par ordre d’efficacité. Une famille dysfonctionnelle ? C’est peu de le dire. Une enfance sacrifiée à la cause, des rivalités incessantes jusqu’à l’explosion du groupe. Et puis tous - ou presque - se retrouvent autour de la tombe du père adoptif tandis que de nouvelles menaces se profilent.
Autant dire que l’introduction est réussie et l’ambiance, dès les premières pages, particulièrement saisissante. Le récit paraît emprunter à Tom Strong mais aussi à la Ligue des gentlemen extraordinaires. Le dessin de Gabriel Ba évoque d’ailleurs celui de Kevin O’Neill quand il ne lorgne pas du côté de Tim Sale ou de Mignola - l’encrage de l’excellent Dave Stewart y étant sans doute pour quelque chose. Il y a des références plus infamantes ! Bref, Umbrella Academy fourmille de bonnes idées quand l’objet lui-même est plutôt soigné. L’album bénéficie d’une typo réjouissante, de titres accrocheurs -“The Day the Eiffel Tower Went Berserk” ! -, les couvertures sont signées James Jean, l’artiste qui officie déjà sur Fables, et des bonus variés agrémentent le tout. Ces quelques éléments suffiraient à convaincre un lecteur réticent.
Sauf... qu’il n’y a guère plus au-delà de ces quelques pages. Un album très pro, séduisant mais parfaitement, si ce n’est trop, calibré. Rapidement, la belle mécanique se grippe et l’on se surprend à sortir du récit. La faute à une narration confuse, prévisible et par trop éparpillée ? A cet humour très spécial qui fait progressivement défaut ? Pas seulement. Il y a surtout ce ronronnement linéaire bien loin de ce que la surprenante exposition laissait augurer, comme si les auteurs, confits de certitudes, repus et sûrs de leur fait, de la qualité de leurs personnages et de leurs trouvailles, s’étaient soudain abandonnés à la facilité. Après tout, une adaptation au cinéma n’est-elle pas d’ores et déjà prévue ? De là à penser que l’album n’a été conçu qu’à cette fin, il y a un pas que l’on se refuse encore à sauter…"
D. Lemétayer
Tome 2
"L'Umbrella Academy a éclaté. Une fois le monde sauvé de la destruction, ses membres sont tombés dans une catalepsie végétative. Complètement désarçonnés par la mort de Pogo, leur mentor, Spaceboy, Rumeur, Séance et les autres se laissent aller à la dépression. Mais la Terre est de nouveau menacée. Qui va pouvoir sauver l'humanité, si les héros sont démissionnaires ?
Vous avez dit brouillon ? Comme c'est brouillon ! C'est l'impression qui ressort de la difficile lecture de ce second volet des aventures de la famille de simples numéros extraordinaires. Difficile car décousue. Les allers-retours temporels indispensables pour la construction de l'intrigue, associés à un récit chaotique ne plaident pas pour une bonne lisibilité. Le projet est pourtant alléchant, avec des héros torturés à souhait et une discordance importante entre eux qui offrent une cacophonie rafraîchissante. Loin des standards des supers pouvoirs empaquetés en collant moulant, Umbrella Academy lorgne plus du côté des "indépendants", Hellboy en tête. Bien que la trame soit assez classique, avec une équipe constituée d'entités disparates et tourmentées qui doit œuvrer pour la salut de l'humanité, la série est néanmoins prometteuse grâce à son gros potentiel d'originalité. Tout le challenge est de ne pas tomber dans la facilité ou l'éparpillement. Or, à l'image de la couverture et du fusil trop grand pour les mains d'un gamin, le projet semble échapper à ses auteurs de par son envergure ou son succès fulgurant. Intriguant à souhait au risque de rester incompréhensible, peut-être synonyme d'une trop grande gourmandise ou d'une absence de vision à long terme. Les personnages peuvent encore être développés en creusant les aspects les plus sombres et en les opposant à leur côté boy-scout. Graphiquement, Gabriel Bà devrait tenter de se démarquer un peu plus de ses maîtres (Mignola, O’Neil) en finalisant un style déjà bien marqué et séduisant.
Pour apprécier cet album, il ne faut pas hésiter, c'est même indispensable, à prendre son temps et multiplier les lectures. Le plaisir est à ce prix, c'est d'ailleurs souvent une marque de qualité. L'œuvre de Way et Bà est riche de beaux atours : la critique de la société avec une lobotomie télévisuelle, entre autre, et des paradoxes temporels associés à l'uchronie qui offrent de belles surprises.
La fougue de la jeunesse et le doute des débuts prometteurs devront se mesurer à une maturité naissante. L'essai demande à être transformé mais l'essentiel est là. A suivre…"
T. Pinet
Relativement d'accord avec l'ensemble !!!
Tout est dit.